Portrait d’acteurs associatifs : rencontre avec Claude-Jean Lenoir

C’est aujourd’hui au cœur de la campagne calvadosienne que nous reçoit chez lui Claude-Jean Lenoir, fondateur et président du Cercle Condorcet Voltaire d’Holbach de Normandie. Installé depuis quelques années en Normandie, il a accepté de nous parler de sa vie et de son engagement associatif. Interview et portrait atypique de « l’homme qui voulait voir la mer ».

 

Claude-Jean Lenoir, président-fondateur du Cercle Condorcet Voltaire d'Holbach de Normandie.

Claude-Jean Lenoir, président-fondateur du Cercle Condorcet Voltaire d’Holbach de Normandie.

Pouvez-vous nous parler de l’association ?

Les Cercles Condorcet sont une émanation de la Ligue de l’enseignement. Le 1er Cercle a été fondé en 1987 à Paris. L’idée avait été de créer partout en France des Cercles Condorcet. Le Cercle Condorcet Voltaire d’Holbach de Normandie a quant à lui été fondé en 2011.

De mon point de vue, le but du Cercle, c’est de mettre à la portée de chacun des connaissances que l’on n’a pas. Puisqu’on ne peut plus être un « honnête homme », au sens où on l’entendait au 17è siècle, c’est-à-dire avoir une connaissance encyclopédique, on fait venir des personnalités compétentes dans leur domaine et avec lesquelles on débat.

Avec le Cercle normand, on se réunit un samedi par mois à Trouville autour d’une problématique ou d’un thème particulier. C’est un dîner-débat, on est 60 à 70 personnes à débattre en présence d’un expert du thème abordé. Par exemple ce mois-ci on a débattu sur le rôle du parquet et de la justice avec un procureur de la République. L’orateur était brillant, on a appris beaucoup de choses. On organise également des colloques, des conférences publiques ou des cafés-philo. On fait pas mal de choses !

Quel a été votre parcours personnel ?

J’ai fait mes études supérieures tard puisque j’ai terminé à 32 ans. J’ai commencé par être employé de banque et puis, hasard de la vie, je me suis retrouvé à diriger une école d’enseignement paramédical. Par la suite, j’ai fait des études de théologie et j’ai été pasteur pendant 25 ans aux Pays-Bas et en Suisse. Mais un pasteur athée je précise ! Le protestantisme a toujours eu une aile libérale et je fais partie de cette école. Mon but était de faire penser et pas de dire ce qu’il fallait penser. C’est plutôt une démarche philosophique.

En parallèle de mon ministère, j’ai enseigné la philosophie et la littérature française. J’ai aussi été grand électeur des représentants des Français de l’étranger aux Pays-Bas. J’ai également créé une ONG qui s’occupait des personnes enlevées durant le conflit libanais – malheureusement ça recommence maintenant – on accueillait dans un centre que je dirigeais des Libanais. J’ai aussi été maire-adjoint et conseiller municipal mais j’en oublie surement !

Comment êtes-vous arrivé en Normandie ?

Je ne suis pas originaire de la région mais pour moi les racines ça n’existe pas. C’est là où l’on se sent bien qu’on est chez soi. J’ai vécu 15 ans à Genève, avec la vue sur le Jura et je n’aime pas les montagnes. Pour moi, ce sont des murs dressés devant nos yeux. J’avais quelques amis dans la région mais c’est d’abord pour la mer que j’ai choisi la Normandie. Je préfère l’horizon dégagé de la mer.

Pourquoi cet engagement dans les Cercles ?

Avoir un esprit critique et l’appliquer aujourd’hui, c’est extrêmement difficile alors qu’on subit les informations. Bien sur vous avez la presse, mais elle est souvent orientée. La télévision ça peut être un moyen exceptionnel d’instruction mais pour moi c’est pour l’essentiel déstructurant.

Ça va faire 20 ans que je suis engagé dans les Cercles. J’en ai créé en France, en Europe et aux États-Unis. Le Cercle Condorcet est un moyen de répondre à ce qui me paraît essentiel : la formation de l’esprit critique. Il faut toujours vérifier, ne pas accepter ce qu’on nous dit comme étant toujours vrai. Ce qui suscite l’intolérance, la violence, c’est la peur. Et la peur provient de l’ignorance donc il faut combattre l’ignorance. C’est une ambition considérable. Ce qu’on fait au sein des Cercles, c’est tout petit mais c’est un bon début.

Qu’est-ce qui vous rend fier de votre engagement ?

Il faut toujours rester humble et modeste. On n’est jamais fier de quoi que ce soit, c’est temporaire la fierté. Mais s’il fallait choisir un souvenir, constater la satisfaction des gens qui ont assisté au dernier dîner-débat a été plaisant. Les gens ressortent avec le sentiment d’avoir appris quelque chose, ça c’est un point qui pour moi est important.

Que pourriez-vous dire à des gens qui hésitent à s’engager dans le monde associatif ?

Il suffit de voir le monde dans lequel nous vivons, l’état du monde actuel pour se dire que c’est impératif. Je pense qu’il faut s’engager pour ce qui permet d’acquérir plus de libertés surtout pour ceux qui jusque là n’ont pas les mêmes droits, ne sont pas reconnus. De mon point-de-vue, il faut lutter contre le fanatisme, religieux ou politique quel qu’il soit. Je pense que c’est important, ça engage notre avenir et celui des générations futures.

Maëva

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